Étiquette : amour


  • Fraternité cosmique

    Fraternité cosmique

    Il fut un temps où les anges ne m’intéressaient pas et où je voyais tout au plus dans leur mention une manière désuète et gracieuse de parler de l’invisible. Je n’avais rien contre eux, mais je ne croyais pas à leur existence. Peut-être réagissais-je aussi à une concurrence déloyale qu’une certaine hagiographie leur faisait faire à l’humanité. Délestés de tout poids charnel, on les offrait en exemple. Mais qu’avaient-ils de commun avec notre substance ?

    Je renvoyais ces créatures diaphanes à leur évanescences et, plutôt que de me lier à des courants d’air emplumés, préférais la compagnie terreuse de mes semblables.

    J’ai commencé à changer d’avis devant une difficulté croissante, qui engendrait progressivement une évidence : comment tout le mal et le bien qui se font dans la création peuvent-ils être attribués uniquement à notre race ?

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  • La grâce chuchotée

    La grâce chuchotée

    Tout le jour nous avions médité sur les problèmes de la famille post-moderne. Le soir nous inclina à des réflexions plus ardues : Qu’est-ce qu’aimer ? Comment aimer ? Je me méfie depuis longtemps de ces prédications, irréelles à force de convoiter l’absolu : « Aimez autrui autant et plus que vous ! Servez-le ! Sacrifiez-vous pour lui ! ». Si l’adolescent est totalement soumis aux parents, si les parents subissent patiemment l’insulte des enfants, si la mère se meurtrit en d’aveugles dévouements, il n’y a pas d’amour dans ces familles, dont on puisse se féliciter. Il y a l’abus et il fait des victimes. Cette gratuité de nos offrandes, ce désintéressement suprême réclamé à nos actes est peut-être la plus haute inspiration du christianisme, mais ils ont prêté à de lourdes équivoques. Le pauvre, le subalterne, l’opprimé et tout faible ont été priés d’accepter les misères imposées par le fort comme des instruments d’amour et de salut.

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  • Être enfin un enfant

    Être enfin un enfant

    Rappelle-toi, cher Daniel, ce soir-là nous évoquions un ami commun parti trop tôt, trop vite et comme un silence nostalgique semblait vouloir accompagner le crépuscule tu m’as demandé autant par provocation que par curiosité : « Et toi, le chrétien, s’il ne te restait plus qu’un jour à vivre que ferais-tu ? »

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  • L’intelligence est vaincue

    L’intelligence est vaincue dès que l’expression des pensées est précédée, explicitement ou implicitement, par le mot ‘nous’. Et quand la lumière de l’intelligence s’obscurcit, au bout d’un temps assez court l’amour du bien s’égare.

    Simone Weil, L’Enracinement